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Volker Schlöndorff : 25 août 1944, la nuit où l'avenir de Paris s'est joué

Volker Schlöndorff : 25 août 1944, la nuit où l'avenir de Paris s'est joué
© Film Oblige Gaumont Blueprint Film Arte France Cinéma / Photo Jérôme Prébois
Le film "Diplomatie" (en salle depuis le 5 mars 2014) plonge le spectateur dans les affres du Paris de la fin août 1944. Son réalisateur Volker Schlöndorff revient sur la genèse du film "Diplomatie" et nous explique pourquoi il a voulu raconter cette histoire, inspirée de la pièce de théâtre éponyme.

Quels éléments historiques avez-vous utilisés pour le film ?

Volker Schlöndorff : Comme vous le savez, la rencontre au cœur du film n’a pas réellement eu lieu et il n’y a donc pas d’archives à son sujet. Néanmoins, le consul Nordling et le général von Choltitz se sont rencontrés, dans les 10 jours précédant le 24 août, plusieurs fois, aussi bien à l’hôtel Meurice que dans des bureaux de la Kommandantur, pour négocier un échange des prisonniers. D’autre part, entre le 20 et le 24 août, ils ont négocié une trêve pour que les Allemands puissent traverser Paris sans tomber dans des embuscades et que les Résistants puissent regrouper leurs forces.
Il existe aussi deux documents historiques, qui sont les deux autobiographies écrites dans les années 1950 par Raoul Nordling et par le général von Choltitz, dans lesquelles sont rapportés leurs échanges sur la beauté de Paris et le danger de sa destruction imminente.
Enfin, les ouvrages sur l’histoire de la Libération de Paris comportent beaucoup de documents sur les trêves et les échanges de prisonniers.

Comment avez-vous associé réalité historique et œuvre de fiction ?

V. S. : Quand on invente une situation comme celle-ci, il faut une perspective de récit, c’est-à-dire savoir qui me raconte cette histoire et pourquoi il me la raconte. Je voulais qu’on comprenne qu’il s’agit d’une fiction sur un fond historique réel.
Les deux hommes se connaissaient et ont discuté du sort de la ville de Paris. Par ailleurs, il y aurait eu une offre, une lettre apportée au général allemand et une réponse portée par le frère de Raoul Nordling. C’est une part réelle qui a existé. La liberté que nous avons prise en suivant la pièce de Cyril Gély était d’imaginer l’état d’esprit du général allemand à ce moment et l’intrigue. La chambre avec un double fond, l’escalier secret par lequel la maîtresse de Napoléon III aurait eu accès à l’hôtel ne sont que pure invention. C’est ce qui permet de créer une unité de temps et de lieu, un suspense accru.

Quelle a été votre motivation pour réaliser ce film ?

V. S. : J’avais déjà traité de la période de l’occupation allemande dans mon film La Mer à l’aube consacré à Guy Môquet et dans lequel Jean-Pierre Darroussin avait ces mots : « Plutôt que vos ordres vous devriez écouter votre conscience. » C’est une question de curiosité de savoir comment l’Homme se comporte dans ces situations les plus extrêmes.
Il y a aussi évidemment la question des conséquences. Si von Choltitz avait suivi les ordres de Hitler, quelle aurait pu être la vie en Europe après la guerre ? Certainement, la réconciliation entre de Gaulle et Adenauer aurait été...

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